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13 février 2009

Paris-Pontoise - Stratégies de recherche d'information des digital natives

Je n'ai pas l'âme blogueuse ces derniers temps. La faute à trop de travail (et ça, c'est parti jusqu'aux "grandes" vacances...) en premier lieu ; la faute aussi sans doute à l'apathie dans laquelle me plonge la météo maussade de ces dernières semaines. Mais ce soir, c'est week-end, je me lâche (et lach T kom !).

Ce matin, je suis allée travailler en bus. Non pas que ça me fasse gagner du temps, mes pieds sont en général plus rapides, mais parce que je n'étais pas d'humeur pour le parcours semé d'embûches du piéton rouennais les jours de pluie (c'est-à-dire environ les 2/3 de l'année...). En effet, au stationnement sauvage des 4x4 sur les trottoirs - qui pimente le slalom à accomplir entre les containers d'ordures ménagères et les déjections de toutes natures -,au comportement de sauvage de l'homo-automobilis pressé qui a oublié que les rayures blanches au sol accompagnées d'un dispositif de signalisation lumineuse passant à intervalle régulier du vert au rouge signifient qu'il n'a pas forcément la priorité, et à un éclairage public aléatoire (et oui, quand je pars au travail, il fait encore nuit), à tous ces désagrément quotidiens donc, s'ajoutent les plaisirs du pavé descellé, celui qui, en fourbe, manque de vous envoyer aux urgences tout en maculant le bas du pantalon d'un délicat liquide à forte dominante d'hydrocarbure. Bref, pour toutes ces raisons qui n'ont fait qu'un tour dans ma tête dans l'ascenseur, ce matin, j'ai pris le bus. Et je n'ai pas regretté.

A quelques sièges de moi, s'installe un petit groupe de jeunes filles en fleurs. De l'adolescente moyenne pourrait-on dire. Ni particulièrement stylée ni coincée. Manifestement, le bus de 7h30, c'est le meeting point quotidien de cette petite bande. Après les échanges d'usage en début de journée, débute une passionnante conversation au sujet de ce qu'on nous vend comme La Boum des années 2000, LOL. L'une sort de son sac à dos trop grand une page arrachée dans un magazine féminin vraisemblablement piqué à sa mère et la tend avec fierté à sa copine. La copine accueille le morceau de papier avec une joie indescriptible (mais regrette quand même que la photo ne soit pas au format poster), et, cherchant désespérement sur le papier glacé le nom de son idole éphémère, s'écrie qu'il est vraiment "trop beau". Là-dessus, elle ajoute qu'elle ne connaît pas son nom et qu'elle a cherché des photos de lui sur Internet mais qu'elle n'a pas trouvé grand-chose. Je tends l'oreille.

Si Nadine Morano avait été présente, nul doute qu'elle nous aurait fait une crise d'apoplexie et que Frédéric Lefebvre aurait surgi en un éclair pour justifier une fois de plus son aversion pour le repaire de pervers qu'est le Net. Cette pauvre jeune fille se plaignait en effet qu'elle n'avait trouvé que des trucs "zarbis" en "tapant LOL sur Internet", plein de "trucs pornos". Et là, je pense tout de suite illustration de ce mal rampant qui consiste à confondre Google et navigateur, et surtout Google et Internet. Je pense aussi à cette étude menée en Belgique et qui tend à montrer que tout digital natives qu'ils sont, la plupart des ados ne valent pas tripette quand il s'agit de rechercher une information. Je pense enfin à la façon dont elle aurait pu aisément trouver l'information recherchée, à commencer par le nom du jeune éphèbe (mais bon sang, pourquoi ne leur enseigne-t-on pas l'IMDB à l'école ? Que fait l'Education nationale ?). Tout ça se passe bien sûr très vite, même pas le temps du trajet entre les deux premières stations.

Intérieurement, j'élabore donc ma stratégie de recherche d'info et je pouffe, sans mauvais jeu de mots. Je continue en même temps d'écouter (le cerveau des femmes est nativement multitâche, c'est scientifiquement prouvé |o), et la première reprend la parole, me rassurant (un peu) du même coup sur les aptitudes informationnelles des jeunes générations. Elle propose en effet à son amie d'adopter une stratégie de recherche un peu plus élaborée, et lui suggère de combiner le nom du personnage et le nom du film "t'as qu'à chercher machin dans LOL - oui, j'ai oublié ledit prénom, honte à moi", et ajoute même que maintenant qu'elle connaît son vrai nom (grâce au sabotage du Figaro Madame de sa mère), elle aura plus de chance de trouver des choses sur lui. On progresse. Et on arrive à destination.

Moralité de ces quelques minutes instructives : quitte à s'exciter sur les "dangers d'Internet", qui ne sont pourtant pas bien différents de ceux de la "vraie" vie (voir l'excellent post de Nicolas Voisin, "Internet est une rue"), pourquoi ne pas inclure dedans le danger que représente l'équation manifestement répandue selon laquelle Google = Internet ? Au même titre que la pluralité dans la presse, la pluralité du Web me semble essentielle. Quel journal, quelle chaîne de télévision atteint aujourd'hui 90 % de parts de marché ? Si c'était le cas, et même avant qu'on atteigne de tels chiffres, des voix s'élèveraient, à juste titre, pour dénoncer ce dangereux monopole. On pourra donc faire toutes les leçons qu'on veut aux ados sur la nécessité de lire la presse et de multiplier les sources, si on ne leur enseigne pas la même chose pour la recherche d'information, alors cette génération et les suivantes sont perdues. Ils ont l'avantage d'être nés avec une souris et un clavier dans les mains, apprenons-leur à s'en servir. Le temps de cerveau rendu disponible par leur aisance à manier les outils est là pour ça.
Moralité plus légère : c'est universel, quand on est ado, on a des goûts de chiotte en cinéma et on est toute émoustillée au premier gommeux qui passe à l'écran.
Dernière moralité : ce que j'ai entendu d'une conversation entre deux gars de 15-16 ans hier n'a aucun intérêt sinon celui de m'avoir fait rire, mais je note que quand on prend le bus aux mêmes heures que les lycéens, on entend de ces perles... Et on se souvient que c'est un âge ingrat !

 

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Commentaires
A
Si mes souvenirs sont exacts - et ils le sont forcément -, à 15 ans je ne m'intéressais qu'aux couples redox et aux systèmes de Gauss et j'étais incollable sur les vedettes matières de la bibliothèque d'Yvetot |o<br /> Non, je n'ai jamais été une dinde, tu dois confondre avec quelqu'un d'autre. Et pis d'abord kess t'en sais, on n'étais même pas dans la même classe quand j'avais 15 ans :-p
E
Tu as pensé à leur dire de mettre les guillemets pour une recherche multiterme ?<br /> Quelle bande de nazes, elles connaissent même pas la recherche avancée dans Google et pouffent en parlant de garçons dans le bus !<br /> Pff<br /> <br /> PS: Si je peux me permettre, je te connaissais quand tu avais 15 ans et...je crois me rappeler que tu n'avais que peu d'intérêt pour les opérateurs booléens...<br /> Euh non, pardon, nous, c'était pas pareil, on n'avait pas Internet, pas de portable ! Juste OK Podium comme support de fantasmes ! Dur !<br /> <br /> Allez bises
F
Je sais pas ? Parce que tu es sociopathe ? :-D
A
Pourquoi croyez-vous que j'ai pas voulu passer le Capes comme tout le monde après ma licence ?
F
oui, l'ado est complètement con. C'est une remarque que je me fait depuis mes 14 ans |o
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