Post partum
Après quelques (!) week-ends studieux et la montée d'adrénaline qui va bien à l'approche de la dead-line, le "bébé" sera en vente prochainement pour la modique somme de 59 euros aux éditions Territorial.
Le projet a débuté il y a bientôt un an, lorsque l'éditeur m'a contactée pour rédiger un ouvrage dans la collection "Dossier d'experts" sur le thème de la recherche d'information sur Internet. Tant sur le plan perso que professionnel, il n'y avait pas pire moment pour ce type de proposition ; mais, allez savoir pourquoi, j'ai quand même relevé le défi... et commencé à bâtir mon plan dans une chambre d'hôpital.
Ca ne s'invente pas, entre le premier contact et la remise du manuscrit, neuf mois se sont écoulés. Neuf mois de réflexion, de questionnement, d'angoisses et de remises en question : est-ce que je vais savoir faire ? est-ce que je vais aller au bout ? est-ce qu'il sera zéro-défaut ? est-ce qu'on va l'apprécier ? Ces questions, je me les pose encore maintenant, à part la deuxième, puisque si j'écris tout ça, c'est bien parce que j'ai terminé. Encore que, on n'a jamais fini...
J'ai procédé la semaine dernière à la relecture de l'épreuve que m'a envoyée l'éditeur. Comme le soir (la nuit...) où j'ai enfin tapé le point final et où, accessoirement, je me suis battue avec la mise en forme du texte, je n'étais pas satisfaite. J'aurais pu ajouter encore tellement de choses, en préciser d'autres, écrire différemment... Ce même dernier soir d'écriture, je me suis revue tout juste dix ans plus tôt, sur la table de la salle à manger de mes parents, mettant la dernière touche à mon mémoire de maîtrise pendant que ma mère suivait consciencieusement le bon déroulement de l'impression des premières parties et que mon ami Yves m'attendait patiemment pour enfin pouvoir prendre la route vers nos appart d'étudiants respectifs... J'ai ressenti, fin mai dernier, cette même excitation mêlée de soulagement, d'incertitude et de déchirement. Car il n'est jamais facile de couper le cordon, d'accepter qu'enfin ce projet qu'on a porté parte vivre sa propre vie, avec tous ses défauts. D'accepter d'en faire le deuil. D'accepter, aussi, de le soumettre au regard et donc au jugement potentiellement dur d'autrui. D'accepter les critiques, constructives autant qu'injustes, sans les prendre pour soi mais comme autant de conseils pour avancer et faire mieux.
Comme ce mémoire soutenu un jour de match d'ouverture de Coupe du monde, ce bouquin n'a rien d'intime. Pourtant, j'ai le sentiment que c'est une part de moi qui s'expose. C'est un petit bout de ma vie qui ne m'appartient déjà plus complètement. Et cette fois, c'est encore plus oppressant que lorsque j'ai rendu ce foutu mémoire que pas grand monde (pour ne pas dire personne) n'a lu. Cette fois, des gens vont payer pour me lire. J'ai intérêt d'être à la hauteur. Cette fois, ce n'est plus seulement une question d'amour propre et encore moins de mention. Cette fois, c'est la vraie vie, pas le cocon universitaire, dont on sait que sauf à vouloir y faire carrière il n'a guère d'importance.
N'ayant jamais su me vendre (et je pense que c'est trop tard pour apprendre !), je préfère ne pas me lancer dans l'autopromo et le mailing sauvage. De toute façon, si on me demande de parler de ce bouquin, je n'en vois que les défauts, les oublis, les "j'ai-pas-eu-le-temps" et tout ce qui à peine écrit avait déjà évolué. Ca ne m'empêche pas d'espérer qu'il aura la même carrière que l'équipe de France d'il y a dix ans... mais qu'elle ne s'achèvera pas sur un coup de boule.
Environs de Muonio, Laponie finlandaise, juin 2006.